À quel moment les femmes célibataires sont devenues des «femmes à chat»?
Les femmes amatrices de félins devenues synonyme de vieille fille
Je suis une femme. Je suis célibataire. J'ai la trentaine (bien avancée) (ne posez pas de questions). Et j'ai un chat. Enfin, techniquement, j'ai une chatte. Mais, comme beaucoup de propriétaires de chats femelles, je préfère m'épargner les ricanements de mes interlocuteurs et éluder. D'aussi loin que je me souvienne, depuis que je suis en âge de vivre seule, j'ai toujours eu des chats: Agent Cooper, Adele et aujourd'hui Joe March.
Et cela a toujours fait l'objet de blagues de la part de mes amis qui me qualifient affectueusement de «fille à chat» ou de «femme à chat». Durant mes périodes de célibat, je participe moi-même aux plaisanteries en associant ma vie amoureuse à ma qualité de propriétaire de chat. Je raconte, sans aucune gêne, qu'à force de vivre seule avec ma fille et mon chat, il m'est arrivé un soir de dire à Joe (ma chatte donc): «Allez viens, on va se coucher». Je montre à mes collègues le paquet de croquettes que j'ai acheté pendant la pause déj' en rigolant «ahah, j'ai vraiment une vie de merde». Sur mon fil Instagram, vous ne trouverez aucune photo de mes partenaires, mais moult clichés de Joe et moi, lovés sur mon canapé, assortis de légendes comme «<3 <3 <3» ou «Faut vraiment que je trouve un mec».
Bref, j'ai totalement intégré le cliché de la «femme à chat», ou, plus cruel encore dans sa version anglophone, de «crazy cat lady» («la folle femme à chat»). Une façon de désigner les femmes célibataires omniprésentes dans le langage collectif et nos références culturelles. Et qui consiste à caricaturer le célibat féminin.
La série Les Simpsons a par exemple créé le personnage récurrent d'Eléonore Abernathy. Le 13e épisode de la saison 18 décrit son parcours: de petite fille, puis étudiante, à avocate brillante, elle finit par se faire virer, sombre dans l'alcool, et se met à adopter plein de chats. Elle est atrocement seule, et complètement tarée.